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SPORT.. Du rejet à l'envie.

Je suis le genre de personne qui, pendant plusieurs années, a vécu le sport comme une contrainte, comme une violence. La musculation particulièrement ou les ports d'équipes mais aussi la natation... la danse. Je ne supportais que la marche ou les sports que je faisais sans m'en rendre compte en fait. Pendant des dizaines et des dizaines de mois, j'allais aux sports "obligatoires" du cursus scolaire, à reculons, poussée par la peur d'avoir une mauvaise note... je me suis même faite dispensée par mon médecin, pendant plus d'un an.

Après ces obligations scolaires, j'ai commencé à me forcer toute seule à faire du sport :

Comment avoir le physique dont on rêve sans cela ? Comment pouvoir continuer à manger 4 carrés de chocolat par jour, et finir ses assiettes, autrement ?

Ca mais aussi le regard des hommes, qui n'ont d'yeux que pour les femmes dynamiques et un minimum musclées !

Si j'écris cet article aujourd'hui, c'est parce que je sens que je sors nettement de cette spirale. Je commence à comprendre pourquoi "faire du sport" ou juste se mobiliser corporellement est bon... Bon pour l'humeur, l'attention, les sens, la santé (récemment on a même montré que c'est la meilleure méthode pour inverser les rides et le vieillissement de la peau !°°°)... Bon pour se sentir en vie ! Et si certains de mes muscles prennent en volume, tant mieux, mais je n'ai pas besoin que ce soit le cas, du moins je ne fais pas ça POUR ça. Je ne privilégies pas les muscles "superficiels", ceux qui se voient mais ne donnent pas le plus de force. (Pectoraux, grand droit de l'abdomen...)

"Dès que vos muscles fondent, vous subissez en cascade des revers pour votre santé. Depuis 1989, les médecins ont même inventé un nom de maladie pour ce problème. Ils parlent de « sarcopénie », la maladie des personnes âgées qui perdent leurs muscles, et donc leur force et leur immunité. Un quart des personnes de plus de 70 ans en souffrent, et 40 % des personnes de plus de quatre-vingts ans. Les muscles fondent, ou sont remplacés par du gras. Le manque de muscle augmente le risque de chute, donc de fracture. Une fois immobilisé par une jambe ou un bras cassé, c’est toutes les maladies qui deviennent plus probables car on est plus sédentaire et les artères s’encrassent. De plus, la sarcopénie entraîne une perte de sensibilité des nerfs. C’est pourquoi on se blesse plus facilement quand on vieillit. C’est un avantage car les blessures n’entraînent plus les mêmes douleurs. " #

Ca peut faire peur. Oui on veut une bonne santé, et pour de nombreuses autres raisons explicitées plus bas, les gens se ruent donc sur le sport.

L'important aujourd'hui, je pense que c'est de comprendre que peu importe le sport choisi. L'objectif c'est qu'il te parle à toi. C'est qu'avant d'y aller, tu sentes une excitation, une joie interne dans tout ton corps. L'important c'est qu'en rentrant tu te sentes bien, encore mieux si possible, qu'en arrivant. Si effectivement "le sport appelle le sport", ce n'est pas une raison pour se forcer.

Comment aller avec de la joie, vers quelque chose qui fait mal, qu'on redoute ?

"La grande question n’est donc pas « Faut-il faire du sport ? » mais plutôt « Comment se motiver à faire du sport sur le long terme ? ». La réponse est simple : vous ne tiendrez pas, personne ne tient longtemps, si faire du sport n’est pour vous qu’une contrainte, que vous vous infligez pour votre santé (ou votre beauté). Il est indispensable de choisir un sport qui vous apporte autre chose : du plaisir, des frissons, des aventures, des rencontres, du bien-être… Selon votre âge, votre état de santé, vos goûts, vos contraintes, il faudra choisir le sport qui vous convient."°°°

En cela, le fameux "no pain no gain" de la musculation est plutôt... triste, je trouve. Mais attention, cela concerne ni tout le monde, ni toutes les méthodes ! J'ai l'impression que l'idée inhérente est de sculpter son corps, comme on sculpterai une statue, un objet. Comme si on faisait ça pour les autres, pour le vendre cet objet. Pour qu'il plaise. "C'est une devise plutôt répandue pour se motiver lors de moments difficiles subis, pour atteindre un but précis."*

Oui se motiver est essentiel.. Oui se dépasser mène parfois à une grande fierté interne et à davantage de résultats.

Alors d'accord, parlons du "dépassement de soi". C'est un terme constructif., puisqu'il traduit une sensation de victoire ... Mais victoire sur qui, sur quoi ? Sur toi ?

Je pense que se faire violence, se maltraiter, (alors que tout ça peut rester du plaisir du début à la fin), traduit en fait le besoin de se prouver quelque chose à soi-même. J'ajoute qu'ici on peut parler de manque de confiance en soi, d'un désir de se "conquérir" mais aussi d'égaler ou de dépasser l'autre.

Victoire sur l'autre alors ?

Réussir à obtenir un ventre plus plat que Freelee la bananagirl ou faire plus de squats que Thibault Inshape... finalement c'est un moyen comme un autre de te prouver que tu as de la valeur, que tu es "mieux" que le commun des mortels. Bonjour frustrations, ego sur-dimensionné, déchirures musculaires... Ou bien bonjour travail sur soi.

"Toutes les expériences de douleurs mettent un frein au débordement d'activité et apprennent à l'enfant à faire attention à lui. (...) Nous voyons parfois des enfants qui semblent ne pouvoir intérioriser leur enveloppe corporelle et ses limites qu'en se mettant en risque. Cela traduit souvent une qualité de liens primaires aux parents très particulière (manque de sécurité). (...) avoir besoin de la souffrance pour se sentir exister.(...) L'enfant cherche l'apaisement dans un passage obligé par la douleur. La douleur cessant, il trouve le calme. (...)L'apprentissage des limites et de la sécurité du corps, comme du respect de soi, passe aussi par les interdits et le non."***

Oui, je pense qu'il faut pouvoir dire non et aller vers une autre approche du corps en mouvement. Pour se protéger, pour se respecter.

Dans la continuité de l'attrait compétitif vu plus haut, nombreux sont ceux qui se lancent dans les pratiques sportives... pour finalement parfois ne plus pouvoir vivre sans et risquer même de graves conséquences sociales, morales et physiques.

SI on expérimente cette sensation dans le corps, celle qui est là une fois que tu as extériorisé le trop plein d'émotions du jour ou de la semaine, la fierté d'un exercice compliqué... On comprend que l'addiction au sport existe bel et bien. On parle de "Bigorexie". C'est l'usage d'un stress physique, comme antistress psychique. Effectivement, lorsque tu cours un certain temps, tu sécrètes une avalanche d'endorphines (molécules naturellement sécrétées par le cerveau lorsque l'on est en danger et qui permet de supporter de hauts niveaux de douleurs), de noradrénaline et d'adrénaline (pour fournir un effort intense). Et quel bonheur de mettre sur pause là-haut, dans la tête.

Oui, sauf que...

Le corps tout entier s'attache à reproduire, encore et encore, ce qu'il a vécu. Hop, je reparle ici de l'ATV, circuit de la récompense. Les critères sont les mêmes que pour les autres addictions, la dose doit "augmenter" pour être toujours efficace (le taux d'endorphines baisse lorsque l'endurance augmente et plus on fabrique de noradrénaline, moins ses récepteurs sont nombreux dans le cerveau~). En fait le stress, normalement là pour protéger l'intégrité du corps est détourné et utilisé pour le contraindre à supporter toujours plus d'efforts. Finalement, ce serait 10 à 15% des sportifs qui ont pratique intensive, qui souffriraient en réalité d’une véritable dépendance.**

C'est alors bien souvent LE gros accident, qui, empêchant la pratique du sport, remet les idées en place car impose de trouver une autre solution à la souffrance psychique. Le cardiologue Carl Lavie a mené une étude et déclare ainsi que "si la moyenne des coureurs voit son espérance de vie augmentée de 19%, le bénéfice s'évanouit au-delà de 40km/semaine. Idem si la course est trop rapide, au-delà de 13km/h."~

Je pense qu'on sort de cette image du "sport-violence" lorsqu'on ne se fait plus mal, qu'on comprend sur le plan psychologique ce qui n'allait pas et qu'on perçoit la qualité d'extériorisation que possèdent de nombreux sports.

Le point commun retrouvé chez les sportifs qui pratiquent en intensif sont souvent les événements de vie douloureux, des deuils à répétition, une rupture amoureuse, une exclusion sociale, une agression...

Donc en effet, pour exprimer la colère, la haine... quoi de mieux qu'une séance de Box Thaï ? Sauf que si cette même séance a lieue tous les jours où nous laisse de vilaines blessures... Alors stop. "L'amitié, l'amour ainsi que tous les sentiments d'appréciation font grimper une autre hormone antistress aux effets doux mais puissants : l'ocytocine.(...) pour la mobiliser au quotidien, de manière réflexe, il faut avoir appris à considérer la relation à autrui comme une source de réconfort."~

L'idée est en fait de rester dans l'entre deux, comme souvent. De ne jamais mettre à distance la notion de plaisir dans la mobilisation corporelle, sans pour autant se noyer dedans. Distingues attentivement ce qui est une vraie émulation de ce qui est issu du douloureux "dépassement de soi" ! Adieu donc courbatures qui clouent au lit ou visages déformés par les tensions.

Un dernier élément sur laquel je veux attirer ton attention est la "remise au sport" après une longue pause (hospitalisation, blessure, attente d'un bébé...). Il faut commencer par réapprendre à respirer (cohérence cardiaque par exemple) puis reprendre de façon progressive. Finalement pour tout le monde : s'échauffer (5 à 10min), s'étirer (10 à 15min en gardant plus de 30 seconde chaque position) et s'hydrater beaucoup.~~

Au niveau du sport plaisir, tu choisis le tiens mais je te fais ici quand même des propositions.

Je t'avais parlé de la Physioball, toujours colocataire de ma vie, et aujourd'hui j'en profite ici, pour te parler d'une pratique sportive particulièrement efficace...

HIIT°: High Intensity Interval Training

C'est la méthode la plus "efficiente" et agréable que j'ai trouvé. J'aime la pratiquer car elle est rapide, gratuite... et qu'elle défoule. Encore un petit outil bien pratique, très utile dans la vie quotidienne !

Désormais ce sera tellement plus simple d'attraper son train ou d'échapper à un danger... !

En 15 minutes, tu as les bénéfices de 45 minutes de course ! °

-Perte de graisse corporelle

-Renforcement du système cardiovasculaire

-Développement de l'endurance du mouvement

-L'amélioration de l'utilisation des graisses et des glucides dans les muscles

Et plein d'autres choses encore....

L'important ici, comme expliqué plus haut, et que tu pratiques la méthode quand TU le veux.

Mais attention à ne pas en abuser, pas plus de deux fois par semaine ! (Pour ne pas trop violenter les muscles).

J'en profite pour ajouter ici qu'il est prouvé que chez les fatigués chroniques, "les séances intensives de sport effectuées de manière ponctuelle augmenteraient la fatigue (...). Il est indispensable que la personne décide elle-même de l'intensité, de la longueur et de la fréquence des séances."°° Attention donc, à s'écouter, toujours, encore.

Maintenant que les mises en gardes sont faites, regardes bien :

*Ta séance dure entre 5 et 15 minutes.

*Il te faut une bouteille d'eau, un chronomètre ou un compte à rebours. Moi j'en mets deux, un sur trente secondes, l'autre sur 15 minutes.

*Tu choisis si tu veux faire ça avec : un tapis, des escaliers, un vélo d'appartement, dans un parc, sur un stade, dans une piscine, sur un tapis de course, avec des gants de boxe...

Tu peux faire ça à deux c'est encore plus marrant, mais il faut en avoir envie en même temps !

Je prends l'exemple où tu es chez toi, seul avec un tapis.

-Commences par faire 5 grandes respirations ou tu creuses et gonfles à fond le ventre (ou peut-être 5 minutes de cohérence cardiaque par exemple).

-Ensuite quelques étirements, un peu de Yoga, faire dos rond/dos creux... tu peux te masser.

-Tu regardes l'heure et tu lances un chrono pour 20, 30 ou 40 secondes. (intervalle à augmenter selon la progression)

C'est parti !

-Là tu fais très vite un mouvement répétitif, le plus vite que tu peux.

Ça peut être des talons-fesses, des montées de genoux, faire la planche, le vélo sur le dos, des abdominaux, courir sur place, sauter sur place, faire des squats, corde à sauter, faire des pompes (contre le mur si c'est trop dur ou "pompes de filles"), ...

-Lorsque le temps est écoulé, tu récupères pendant la même durée. Tu marches, tu t'étires, tu danses doucement... Il faut rester actif mais beaucoup moins.

Et hop, tu recommences jusqu'à que les 5, 10 ou 15 minutes soient écoulées. A chaque session active tu changes de mouvement, soit créatif ! (à adapter en fonction du choix d'activité)

A la fin tu fais comme au début... des étirements et de grandes respirations. Tu peux te masser avec de l'huile d'arnica ou de l'huile végétale avec de l'huile essentielle de Gaulthérie (anti-inflammatoire et antalgique), Menthe poivrée (réfrigérante) ou Lavandin (décontractante).

Personnellement je fais ça dans la joie, c'est un plaisir, j'ai cette précieuse sensation de liberté et créativité !

A chaque fois je prends une bonne douche froide après et je me sens apaisée. Je sens mes muscles, je sens que ça m'a fait du bien, du début à la fin.

A cela, le mieux c'est d'ajouter plein de petites pratiques spontanées, des choses qui te font "vibrer" sur le moment. Saisir tous les petits instants de la vie où tu peux te mettre en mouvement, si à ce moment précis, tu en as le désir. Un truc qui n'est pas "fait" pour être très sportif mais qui l'est, un truc pas noté dans l'agenda, mais qui se fait quand même. Aller à une soirée dansante, jouer à des jeux d'"enfants" (balle au prisonnier, dauphin-dauphine, chat...), faire un saut dans la piscine des voisins, marcher des heures dans Paris, faire l'amour ou une bataille d'oreiller, se battre avec son meilleur ami, courir pour avoir son train, dire "oui" à une proposition de course caritative ou à une sortie roller, participer une fois par mois à du yoga du rire ou à un cours de danse Africaine...

En soit, tu ne devrais même pas avoir besoin d'y penser, juste rester ouvert(e) à toutes ces propositions.

Et si tu mettais même de côté la dimension "healthy" du sport, le "il faut"... et que tu profitais juste, en suivant tes envies ?

! Attention aussi à ne pas se réfugier dans le corps et oublier les exercices psychiques !

- lire, méditer, voir une exposition ou un bon film, écouter de la musique... ces pratiques sont tes amies, vraiment. Aussi importantes pour la santé, c'est promis.

J'espère que cet article a été aussi constructif pour toi qu'il l'a été pour moi. A très vite !

Pour aller plus loin :

Méthode LAFAY

*Que veut dire no pain no gain ? , télé-loisir.fr, 25 avril 2015 . ** Bigorexie, lorsque le sport devient une addiction, Pascal Silvestre, Runners.fr.

*** Etre psychomotricien, Un métier du présent, un métier d'avenir. Catherine Potel, 2013.

° HIIT : les 15 minutes les plus utiles de votre journée, Christophe Carrio, Alternatif bien-être, septembre 2016.

°° Sport et fatigue chronique : un équilibre à trouver, Alternatif bien-être, septembre 2016.

°°° Combattre les rides avec le sport, Santé Nature Innovation, Jean-marc Dupuis, 5 octobre 2016.

~ Accro au sport : et si c'était un signe de détresse ? , Alternatif bien-être, novembre 2016.

~~ Je reprends le sport : quelles précautions prendre ?, Alternatif bien-être, avril 2017.

# Pour garder vos muscles, ignorez ce conseil, Lettre Santé Nature Innovation, 24 août 2017.

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