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Du bout des doigts, le bonheur

  • Expérience terrestre
  • 13 mars 2016
  • 7 min de lecture

Il y a quelques années j'étais quelqu'un de très triste. On me qualifiais d'ailleurs comme une grande pessimiste, comme une personne se plaignant tout le temps.

Pourtant, presque sans m'en rendre compte, en pensant différemment, je suis devenue en fait... Une des personnes la plus positive que je connaisse. Mes amis ne se sont pas empêchés de me le faire remarquer !

Vue de la maison familiale, en Sardaigne

La France a un taux de suicide record et un taux de consommation d'antidépresseurs... hallucinant (le plus haut) ! De l'autre côté de l'Atlantique, j'ai récemment lu l'étude de l'université de McGill, qui explique avoir recensé seulement 55% de prescriptions d'antidépresseurs pour cause de dépression. Les 45% restants d'antidépresseurs prescrits étaient pour l'insomnie ou les troubles anxieux.

Les médecins prescrivent des psychotropes (psychostimulants, antidépresseurs, thymorégulateurs et des tranquillisants) très très facilement. A des étudiants, à des personnes âgées... Et à des mineurs aussi. C'est la solution rapide, efficace sur le moment, qui soulage. En somme, un pansement sale sur une plaie qui était déjà infectée...

De nombreux philosophes, et ce depuis très longtemps ont parlé du bonheur : Spinoza, Nietzsche, Henri Bergson...

Tu le sais peut-être, Voltaire a dit "j'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé". Cette phrase fait sourire.

Quand on vit un moment heureux, la chimie du corps s’améliore, la tension et le rythme cardiaque diminuent. A conditions de vie égales, les gens heureux vivent plus longtemps, ont un meilleur système immunitaire et plus de chances de bien se remettre après une opération.**

Va donc voir du côté du Yoga du rire. C'est si simple... Et tellement bon !

C'est réel, mais je me suis toujours demandé si c'était pas plutôt le fait d'être en bonne santé justement, qui rendait heureux.

Je vois bien que quand je n'ai pas mal je suis profondément joyeuse, heureuse, presque euphorique. Je me demande si sans souffrance de façon durable, je resterais dans cet état. Je me fatiguerais surement... Et puis on oublie si vite.

Ce qui est bien vrai c'est que la peur, la colère mais aussi la tristesse, engendre du stress. Ce stress si nocif pour la santé justement, dérègle tout le fonctionnement du corps.

Ce qui est dur je trouve, c'est de ne pas trouver la cause de ce stress léthargique, de cette apathie, surtout si elle devient chronique. On risque alors de culpabiliser de ce mal être qui s'installe "sans raison" voir retenir ses pleurs, si ils sont trop fréquents... Grande erreur. Ce comportement est une forme d'inhibition de l'action (-> Olivier Lafay). Ton entourage peut même se mettre à te fuir, plus ou moins consciemment, tant tu ne respires pas la joie de vivre, mais les ennuis et la nostalgie.

(-> go psychothérapie, travail avec un psychomotricien, cohérence cardiaque et méditation !)

Héraclite, lui, disait que pour qu'il y ai l'harmonie du monde, il faut l'harmonie des contraires : Les choses sont des assemblages de forces contraires, et le monde est un mélange qui doit sans cesse être remué pour qu'elles y apparaissent *

Je pense qu'il y a du vrai là-dedans.

Ainsi il n'y a pas de joie si on a pas expérimenté la peine, pas de mauvais temps si on ne sait pas ce qu'est le soleil.

Distinguons ici, avec l'aide de Frédéric Lenoir, dans "la puissance de la joie", la différence entre plaisir, joie, bonheur et sagesse. Le plaisir est plutôt solitaire, programmé et lié à une stimulation éphémère, qui doit revenir encore et encore. Sans lui, la vie serait très longue... Je mange un bout de chocolat, je me sens bien

"La joie est une affirmation de la vie. Manifestation de notre puissance vitale, elle est le moyen que nous avons de toucher cette force d'exister, de la goûter"¤¤. C'est le plaisir en encore plus fort, en plus communicatif, en imprévisible le plus souvent.

J'en saute de joie, ça me prend tout le corps ! Les gens sourient en me voyant.

Le bonheur est la satisfaction durable et indépendante des causes externes. Il se construit.

Il y a un gros orage et j'ai laissé toutes mes affaires dehors, je n'en suis pas touchée pour autant, j'en rigole même. Si je suis heureux ici, je le serai n'importe où;

Les stoïciens disent ainsi qu'on doit accepter ce sur quoi on ne peut agir :

la sagesse est un bonheur qui va encore un peu plus loin, il est rare et c'est lui qui mène à la vraie autonomie. A une béatitude, joie de la libération.

L'approche psychanalytique nous dit que "ce qui compte c'est de jouir de son existence symbolique et pas physique". C'est à dire accéder à la sublimation : dépasser le stade de la satisfaction des besoins vitaux, organiques, et passer sur un mode de recherche de plaisir. Extérioriser les pulsions, via la création, "l'objet" (chant, dessin...). C'est ce qui permet la formation de la véritable identité.******

Quand je suis désespérée, je pense fort aux moments où j'allais bien mais aussi aux moments où j'irai bien. Je fais une liste de toutes les choses qui m'apportent de la joie, de ce que je veux faire maintenant et une autre liste de tout ce qui me fait mal. Ainsi j'identifie les causes de ma tristesse, de mes douleurs, et je cherche des solutions. Ca peut être de dormir, d'aller courir, de rencontrer de nouvelles personnes, d'écrire des textes, de faire de la musique...

" La normalité, lorsqu'elle "réussit", n'est que le résultat d'un long processus, d'un long parcours effectué par l'individu et dont chaque étape est marqué par une nouvelle élaboration (...) à savoir comment naviguer entre angoisses d'abandon, de morcellement, comment rendre tolérable la frustration... Toutes ces attitudes du bébé que nous retrouverons chez l'enfant, l'adolescent, l'adulte et la personne vieillissante. Car ces processus psychiques ne cessent jamais !"¤

Peut-être aussi qu'il faut accepter de passer par des phases plus basses que d'autres, pour mieux savourer les autres ? Etre conscient que la stabilité est fragile.

"Comme le bonheur est indissociable du malheur, comme la vie ne manquera pas de nous confronter au tragique et au désarroi, autant ne pas rêver d'un bonheur parfait et permanent. Mais apprendre à le savourer par petits bouts. (...) Préserver nos petits bonheurs, même dans l'adversité." ***

Mais il faut surtout laisser la place au bonheur.

Ne pas penser à la journée de demain quand je prépare le repas du soir ou que je regarde une belle fleur, ne pas lire un article en téléphonant...

De temps en temps on devrait se demander : Qu'est-ce que je veux, au plus profond de moi ? Qu'est-ce qui me motive chaque matin à me lever ? Qu'est-ce qui m'entrave et n'a pas lieu d'être ?

Je parle ici de ces "bons désirs", ceux qui font avancer, ceux qui donnent la motivation. Le bouddhisme de Nichiren encourage beaucoup ces désirs qui mènent à se dépasser, à s'accomplir. Pas ceux qui s'enchaînent les uns aux autres, dominés par une société consommatrice, ceux qui sont éphémères et laissent une sensation de manque, de vide une fois qu'ils sont assouvis. A toi donc de ne pas tomber dans une ascèse ou à l'inverse dans une recherche Hédonique incontrôlée, qui peut nuire à ton entourage.

En effet, il est maintenant prouvé que ce n'est pas l'argent ou le pouvoir qui rend durablement heureux et qui motive profondément... mais aider quelqu'un, bénévolement ou faire quelque chose par soi-même, sans y être obligé ou payé.*****

Il faut que tu saches par ailleurs, que sur un tout autre plan, certaines carences (oméga 3 et fer principalement) peuvent s'exprimer sous la forme d'une dépression. C'est ainsi encore plus désespérant. Si la personne ne prend pas l'initiative de faire une prise de sang puis de se supplémenter ou de manger correctement, elle peut continuer malgré tous ses efforts, à être profondément mal.

Mais il y a une autre carence bien sûr... L'amour l'amour l'amour.

On devrait se regarder dans la glace... Et se sourire. Se dire je t'aime ou plutôt, je m'aime !

Attention cependant à ne pas tomber dans les "pièges de l'égo". De chercher sans arrêt chez l'autre la valorisation, ce "je t'aime", quitte à s'exposer sans arrêt. Ce comportement peut apporter beaucoup de plaisir sur le moment mais il ne permet pas d’accéder à un véritable bonheur durable, voir à une forme sagesse. Si on boit les paroles de l'autre, alors nous serons détruits par ses critiques. Mieux vaut rester content d'un compliment, sans plus. Sans se laisser transporter et équilibrer par ça.

Agir comme ça c'est aussi installer une "solitude-sereine"**** et ne pas tomber dans une incapacité à être seule, qui entraîne addictions et souffrance.

Tu peux mettre en place une petite routine avec toi-même : Chaque jour, un plaisir pour chaque sens.

Au quotidien, dès que je peux, je cherche à sentir une fleur, savourer quelque chose de délicieux, regarder une belle photo, vibrer au son d'une musique, toucher quelque chose de doux...

Il y a aussi un réflexe qui diminue énormément le stress au bout de quelques jours, permet un meilleur sommeil et conditionne déjà la journée du lendemain, sous les meilleurs hospices :

Je peux te dire que tous les soirs, je pense à 10 choses qui m'ont plu dans ma journée. Je ne m'autorise pas à penser au lendemain ou à ce qui m'a fait mal, pas avant de dormir.

Je pense à des choses pour lesquelles je suis reconnaissante (un repas, un sourire, une conversation, un cadeau, un beau paysage...). Normalement on dit que 3 suffisent.

Pour aller plus loin :

Lire l'article "L'odorat, un cadeau"

*Wikipédia, Héraclite

** Psychologies, c'est quoi le bonheur

***Christophe André, Méditer, jour après jour

**** Catherine Audibert, L'incapacité à être seul

******Mme Lew (14/03/2016), Paris, cours de psychologie sur le jeu

¤ Mme Reinner (2015-2016), Paris, cours de psychosociologie

¤¤Frédéric Lenoir, dans "la puissance de la joie"

 
 
 

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