"Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l'image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu'à moi. (...) Arrivera-t-il jusqu'à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l'instant ancien que l'attraction d'un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever au fond de moi ?"°
La madeleine, PROUST
Je vais te parler de l'olfaction. Oui, ce sens qui réunit souvent le goût et l'odeur.
"Sur le plan qualitatif, notre odorat fonctionne comme pour la notion de goût. Nous pouvons reconnaître, apprécier et classer la qualité d'une odeur. Bien qu'empruntant des voies nerveuses distinctes, l'odorat et le goût sont étroitement liés et une grande partie de ce qu'on attribue au goût dépend en fait de l'odorat."*****
Souviens-toi comme il est dur d'apprécier des aliments ou de sentir, lorsqu'on a un rhume. C'est instantané (d'abord inconscient), et très puissant. Tu sais que tu peux reconnaître plus d'un milliard d'odeurs ?
Une émotion monte... les pensées suivent.
Il est si fréquent de sentir une belle rose ou de manger un bout de chocolat et de se dire... "Oh mon enfance", "oh ce Pays là..."
Les Egyptiens communiquaient avec les parfums vers l'au-delà, avec les morts. Au siècle des lumières, il existait des marchands d'odeurs . Alors que Paul Brocca décrit l'olfaction comme un sens inutile à l'humain, Freud en parle comme d'un sens que nous devons réprimer pour être des animaux sociaux (privilégier la vue pour ne pas se laisser diriger par nos odeurs corporelles et sauter sur n'importe qui).
On voit bien que chacun à une odeur, à lui. Elle est parfois masquée par celle de son parfum, à tel point qu'on peut finir par associer un parfum à une personne. Le jour où elle en change, c'est très perturbant et si quelqu'un d'autre le porte... aussi. Aoutch, cet homme de 50 ans porte le parfum de mon ex. Mélange de tristesse, d'incompréhension, de nostalgie... bizarerie.
Effectivement, il y a une mémoire des odeurs. Tout a commencé dans le ventre de ta maman, à la 30ème semaine de gestation.**Ce sens se met progressivement en place, via le liquide amniotique. Dès 6 heures de vie, en tant que nouveau-né, tu as fait l'apprentissage des odeurs. Sentir le cou et les seins de la maman rassure et pose les bases d'une relation dite sécure. On dit même que nos préférences alimentaires sont déterminées par ce que mange la maman (goût du lait) et même que, plus tard, on peut devenir intolérant à un aliment si on a vécu un gros choc pendant qu'on était entrain de le manger.
Alors que je déguste une pomme sur le bas-côté, en attendant une amie, quelqu'un traverse et se fait percuter. Il y a une probabilité pour que, d'une part, en revenant sur les lieux un autre jour, je sois en état de stress, mais aussi que je présente des réactions allergiques ou d'intolérances, en mangeant à nouveau une pomme. (Ceci illustre à nouveau le lien corps/esprit, indissociable.)
"N'oublions pas que le bulbe olfactif a sans doute été dans l'histoire de l'humanité le premier organe sensoriel de l'homme, à une époque où l'homme n'était pas encore un être humain"°°
C'est le seul sens à être relié directement avec le cerveau limbique ( ou cerveau "paléo-mammalien", il est constitué du gyrus cingulaire et de la 5ème circonvolution temporale) . On dit qu'il gère la relation à l'autre.
Le système limbique s'occupe à la fois des "fonctionnements supérieurs" ( mémoire, comportement affectif, émotionnel et sexuel) et des "fonctions végétatives et réflexes" (viscéral, sécretion d'hormones, fonctionnement moteur...).***
"Lorsque l'on respire une odeur, celle-ci parvient directement à notre rhinocéphale, le siège de nos émotions et de nos pulsions instinctives. Ainsi, l'odeur enivrante d'une rose éveille des émotions agréables comme l'odeur de la fumée éveille des réflexes instinctifs d'alerte. Après ce chemin direct vers notre cerveau, ces informations passent par notre filtre mental pour y être analysée"°°°
Ainsi, on peut associer une odeur, un goût, à quelque chose de dangereux, de triste, ou au contraire sécurisant et agréable.
Le goût est extrêmement subjectif et dépend tout d'abord de la couleur de l'aliment, de son odeur et de sa saveur (amer, sucré, salé, piquant...) mais aussi de sa température et de ce à quoi on pense à ce moment-là.
Les odeurs sont de plus en plus utilisées, et à des fins très variées. Ce qui m'intéresse le plus chez elles, c'est leur côté thérapeutique. On peut donc sentir des fleurs, des aliments mais je vais évidemment insister sur mes chers Huiles Essentielles.
On parle ainsi de "thérapie olfactive", " aromathérapie" (usage des HE par voie respiratoire), "aromachologie/olfactologie" (étude de l'impact des odeurs), "olfactothérapie/ aromatologie" (pour travail psychologique ou développement personnel).
Pas de panique, le concept est plus simple que les noms qui le caractérise.
Ainsi, par des stimulations sensorielles de types olfactives, on peut solliciter la mémoire et calmer l'émotionnel dans de nombreux troubles : Coma, Alzheimer ( 1 personne sur deux serait touchée après 85 ans°°), cancer ( quatrième cause de décès actuelle*****), AVC (première cause de décès actuelle en France*****), prématurés... Les hôpitaux, un à un, sont séduits.
" quand d'un passé ancien rien ne subsiste, seules plus frêles, mais plus vivaces,plus immatérielles, plus persistantes, plus fidéles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps".°
On peut aussi juste, du côté de la prévention ou du bien être, passer un merveilleux moment et ancrer en soi, de la joie, du plaisir.
Couplé à des exercices de relaxation et de visualisation, les effets semblent excellents, prometteurs.
Quelques troubles et leur aide (HE)*
Certaines HE se prennent par voie externe ET/OU interne°
la majorité peut travailler en synergie. (pas plus de 5 en même temps)
-liste complétée au fil de mes découvertes-
Anxiété : bergamote, citron, mélisse, orange douce, camomille romaine..
Apathie (sans volonté, sans énergie) : patchouli, basilic tropical
Colère : camomille, romarin, marjolaine
Pblm estime de soi, tristesse : rose, ylang-ylang, baie de génévrier, hélichryse italienne, laurier noble°°°
Peur : géranium, genièvre, camomille noble ou romaine
Manque d'ouverture, de créativité : ylang ylang, patchouli, néroli, jasmin
Stress : lavande, néroli, petit grain bigarade
-Pblm digestion : anis, menthe, fenouil, basilic , mandarine
-Nausées : gingembre, menthe poivrée
La meilleure solution étant de les tester !
Comment les prendre ?
-Se soigner des petites douleurs de la vie, quand les émotions ont mis à mal le corps-
"compresse, onction légère sur le poignet ou le plexus, stick inhalateur, diffusion athmosphérique..."*
Il faut savoir que les HE ne sont pas solubles dans l'eau.
_Pour un massage, il faut mettre 2 gouttes d'HE dans une cuillère d'huile végétale (macadamia, jojoba, olive...) -> 5 à 6 gouttes dans 25ml de solvant.
Si tu veux en utiliser plusieurs, (5 max), mélanges les HE entres elles avant de les mettre dans le solvant.
_En "auto-olfactothérapie"*, ça va être :
-Déterminer un objectif (mieux dormir, être plus concentrer, lâcher prise...)
-Choisir une HE qui vous fait penser à cet objectif
-Allongé ou assis confortablement, avec les yeux fermés, respirer le mouchoir (avec une ou deux gouttes) ou le flacon. Inspirer lentement pendant 5 secondes, garder les poumons pleins. Expirer 5 secondes encore. Faire tout cela 5 fois.
-Que se passe-t-il en toi ? Où va l'odeur ? Vois-tu une couleur, une image, un souvenir ?
-Tu peux maintenant visualiser une scène où tu as le comportement que tu aimerais avoir, tout en respirant l'odeur à nouveau.
-Tu peux garder le flacon à proximité et rappeler cet état au quotidien, lorsque tu en ressens le besoin.
_Par voie orale°, 1 à 2 gouttes dans une cuillère de miel ou de sirop d'agave, dans une tisane.
Et si on "ne sent pas" ?
"Les hommes ont peu à peu oubliés que le nez permettait de sentir venir... Alors , au fil du temps, ce sens a perdu de sa pertinence ; l'homme est devenu ce que les scientifiques appellent un animal microsmatique." (en opposition aux animaux chez qui ce sens est très développé = macrosmatique) °°
En effet, nous n'avons absolument pas le meilleur odorat sur terre. "L'odorat du chat est celui le plus développé des mammifères jusqu'à ce jour. Celui du requin, quant à lui, est le plus développé des animaux."***** Si nous avons environ 5 millions de récepteurs olfactifs, les chiens en ont 200 millions. On les utilise même désormais dans le dépistage des cancers, car 'les cellules cancéreuses libèrent des composés volatils, qui se retrouvent ensuite dans le sang, les urines, la sueur ou l'air expiré."°°°°
Pour nous et pour les autres espèces, il existe un principe : en l'absence de stimulation, l'odorat, comme tous les sens, peut diminuer. A l'inverse aussi, la sur-stimulation (via des produits ménagers, des parfums synthétiques, des aliments trop sucrés...) peut camoufler d'autres odeurs et saturer les neurones olfactifs.
On sait que la cigarette (qui sera la première cause de décès en 2020, en provoquant la BPCO****), diminue nettement l'odorat. Mais il y a aussi des pathologies de l'olfaction, les "dysosmies":
L'anosmie est la perte d'odorat, l'hyposmie sa diminution. On parle d'agueusie au sujet du goût.
C'est généralement aussi la conséquence d'infections ORL mal soignées (sinus bouchés, rhinite...), d'un traumatisme (lésion d'une aire du cerveau), d'une cause génétique ou les signes précurseurs du vieillissement voir d'une maladie neuro-dégénérative # (Alzheimer, Parkinson, Sclérose en Plaque). On retrouve des hallucinations olfactives chez certaines personnes touchées par la skyzophrénie.
On voit alors à quel point ce sens est fondamental ;
Les personnes touchées tombent très vite en dépression, perdent l'appétit et même les envies sexuelles.
La France est en retard dans ce genre de pratiques, bien qu'"une première étude ai démarré dans trois hôpitaux de l'assistance publique"*.
Les diffusions aromatiques sont largement répandues en Grande Bretagne, aux Etats-Unis ou au Japon par exemple, on y observe de très bons résultats et ce depuis de nombreuses années.
hop hop c'est parti !
Pour aller plus loin
Merci à mon amie Taïs, certifiée en aromathérapie, de son aide au sujet de l'usage des huiles essentielles
*Plantes & santé, mai 2016, Mener sa santé par le bout du nez, essences, parfums. N°168
** Cours de développement psychomoteur, "les compétences du bébé", octobre 2016.
*** Cours de Neuro-anatomie, "le système limbique", avril 2016.
**** Cours de Pathologie médicale, "le handicap respiratoire", 2016
***** Wikipédia, "Olfaction"
° Marcel Proust, Du côté de chez Swan,
°° Philippe Turchet, La synergologie, 2004, p99
°°° Alternatif bien-être, août 2016, Le laurier des victorieux, p20, N°119
°°°° Alternatif bien-être, janvier 2017, Ces chiens qui dépistent le cancer, n°124
# Professeur Joyeux, "J'ai l'impression que je démarre un Alzheimer ", 28/12/2014
"Malheureusement, peu de médecins savent que la perte de l'odorat est un des premiers signes de la maladie d'Alzheimer, comme du Parkinson, par dégénérescence de neurones situés au niveau du bulbe olfactif. Bien des neurologues n'osent pas le dire pour ne pas affoler leurs patients. Or, il s'agit d'expliquer afin d'en tirer des conséquences positives pour la santé. Ce symptôme s'appelle l'anosmie. Ce signe est rarement signalé par les malades. Ils ne le connaissent pas, d'autant plus que les médecins ne posent pas la question à leurs patients plus ou moins âgés. Pourtant, il s'agit bien d'un des premiers signes de ces redoutables maladies, même s'il reste inconstant. D'une manière générale, les patients atteints de la maladie de Parkinson ont plus de difficulté à percevoir les odeurs, alors que ceux qui souffrent de la maladie d'Alzheimer les perçoivent mieux mais en oublient les caractéristiques.
Nous refaisons nos papilles linguales tous les 10 jours, cela veut dire que nous devons sans cesse les stimuler, car chaque jour un certain nombre finissent leur vie, tandis que d’autres naissent pour vivre et nous servir une dizaine de jours. Pour lutter contre cette perte du goût et de l'odorat, il faudra rapidement Manger autrement, Mieux et Meilleur ! "
Film :
"L'odorat", documentaire sur l'exploration et la compréhension des odeurs.
Alzheimer, les thérapies non médicamenteuses, "Je me souviens mieux quand je peins". Eric Ellena et Berna Huebner, 2009