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Nourrir son corps ou nourrir son coeur ?

"Au paradis déjà il y avait un interdit alimentaire. Le fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : "Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point de peur que vous ne mourriez." Ils en mangèrent. *

Les Troubles Alimentaires Compulsifs sont de plus en plus nombreux... Je parle en connaissance de cause.

C'est le plus souvent à l’adolescence que cela se déclare et les femmes sont les plus touchées.

Anorexie, Boulimie, Hyperphagie, Orthorexie... 1% de la population, 10% de décès.

Mais qu'est-ce qu'elle a la nourriture ? Pourquoi elle passionne, répugne, obsède.. fait peur ?

photo 2013

La bouffe ça réconforte, ça rassure, ça protège... C'est le seul truc qui sera toujours là, toujours à portée de main (du moins dans notre Pays), pour satisfaire. Oublier enfin juste quelques secondes, le temps d'une barre au chocolat, la dureté de la vie.

Alors on mange, on mange pour combler le vide, faire taire la crise d'angoisse.

Seulement voilà. Soit on en tombe malade, soit les croyances s'en mêlent : on ne veut pas grossir, surtout pas ! On veut rentrer dans du 36-38 au pire des cas et puis c'est tout. On veut consciemment ou pas, ce ridicule "tigh gap".

(que le haut des cuisses ne se touchent pas quand on ferme les jambes)

De quoi impressionner, se trouver belle... se supporter en somme .

Qu'il est gratifiant et blessant ce miroir, dans lequel je me regarde.

Et de l'autre côté... Certains tombent dans l'excès. Les fast-foods fleurissent (au même rythme que les TCA), ils envahissent les villes et même les campagnes. On nous tente d'un côté, réprimande de l'autre. Lorsque rendre visite à ce genre d'endroit "devient habituel (nous excluons donc les visites occasionnelles), cela révèle des conflits et des angoisses existentielles. Ces conflits sont identitaires ( perte des valeurs qui faisaient jadis la force d’un groupe) et psychiques, puisqu’ils renvoient à des situations enfantines non résolus ( Mac Donad’s exploite en effet nos pulsions les plus primaires, cette recherche de plaisir immédiat). Pour éviter une projection vers un avenir plus qu’incertain et persuadé que l’on n’a plus de temps à perdre on se précipite dans l’ ici et maintenant et on retourne dans un stade oral, qui se voulait en son temps protecteur. Il est pourtant urgent de réapprendre à vivre à son propre rythme, même si il est peu adapté à celui imposé par cette société préoccupée d’avantage par la vente et l’achat. "°

Alors, découlant de toute cela...

La peur de la "désintégration" de son être. Une solitude détresse, une angoisse ultime... la sensation de disparaître.

" Certains patients boulimiques sont obsédés par la dégradation de leur corps et sa décomposition rapide, même lorsqu'ils sont encore très jeunes. C'est un corps qu'il faut maintenir vivant par un nourrissage insatiable pour garder de la "chair". La boulimie, en entretenant la sensation de vie dans le corps, écarte momentanément la crainte de son anéantissement" , nous dit "l'incapacité d'être seul" de Catherine Audibert.

C'est une profonde souffrance existentielle, une impression d'impuissance qui a élu domicile et qui s'entretient par la survenue des crises.

Alors, pour faire taire cette peur ultime, on mange on mange on mange. Pour sentir son corps, pour se punir de ne pas avoir de valeur ou encore pour se donner à soi ce que personne ne nous donne... pour contrôler enfin quelque chose... Il faut se nourrir. Se sentir, s'ancrer sur terre, contrôler un aspect de notre être. Puis vient la punition : vomir, prendre des laxatifs, courir vite et loin... la culpabilité.

C'est vouloir à la fois se venger de ce corps qui nous a désobéit et réparer les futurs dégâts.

"Le besoin de se faire du mal répond à un impératif du cerveau : créer de l'harmonie."**

Alors oui, on se restreint encore et encore, on enlève tel aliment, puis un autre.

On pense se sécuriser, on veut se retrouver seul, s'empêcher de craquer sur des choses moins "saines"... mais on stress l'organisme, on l'isole et on craque. C'est "l'arrivée intempestive du diable dans le réfectoire"* :

Le cercle vicieux est lancé.

Mais que s'est-il passé ?

Cette obsession, que ce soit d'un poids idéal, d'une nourriture parfaite ou hypocalorique, viens de quelque chose de très très simple et bien plus profond, quelque chose qui déforme notre "image du corps" :

Un manque d'amour.

Manquer d'amour, ne pas se sentir aimer, c'est ne pas se sentir en sécurité, ne pas mériter l'existence, ne pas s'approprier son corps... se sentir sans valeur. C'est voir que l'on ne nous aime pas pour ce que l'on est, qu'ON ne s'aime pas tel que nous sommes.

"La nourriture est comme le fil rouge de la vie : cordon ombilical, premiers liens, sevrage, autonomie, lien entre soi et l'autre, entre l'intérieur et l'extérieur...

Elle est naturellement en lien avec les émotions : la boule dans la gorge qui empêche de manger, l'amoureux qui vit d'amour et d'eau fraîche, l'anxieux qui se calme en grignotant, la mauvaise nouvelle qui coupe l’appétit, tout ce qui reste en travers de la gorge...(...)"*

En symbolisme des "maladies", on dit que les TCA sont reliés à la mère et qu'ils concernent l'amour.

C'est vrai qu'on ne choisit pas ses parents (pas consciemment en tout cas) :

Pourquoi faudrait-il aimer des personnes qu'on a pas choisies et avec qui on partage si peu ? Pourquoi ceux qui ont donné la vie donnent-ils ensuite plutôt l'envie de mourir ou de partir très loin ? ***

Et au final c'est assez cohérent de ne pas avoir un rapport sain à la nourriture si on a pas un rapport sain avec sa mère, avec l'amour. Toujours dans la même veine, côté famille, la nourriture est parfois l'unique alibi de rassemblement, bien plus important que le fait de se réunir, de partager. Le repas n'est plus un moment convivial et collectif : ce moment est fuit, la nourriture devient une source de stress. (voir article sur Noël) Ce vécu vient d'une insécurité de base existentielle, d'une absence de soutien et d'environnement protecteur.

Que faire maintenant ?

Finalement, partant de ça (manque d'amour, de sécurité, peur de se dissocier) puis prolongé (cercle vicieux, culpabilité, conduites compensatoires) et alimenté dans la vie (médias, fast-foods)... le trouble se révèle. Un formidable symptôme en somme, qui montre que quelque chose ne va pas. C'est un appel du corps.

De quoi j'ai vraiment faim ? D'amour ou de contingences terrestres ?

Beaucoup de gens jeûnent pour retrouver cette essence : Il faut manger pour vivre et pas vivre pour manger.

Alors aime ce que tu manges mais aime ton entourage, reçois l'amour que l'on te donne.

Cela arrive bien plus que tu ne le crois : de l'amour il y en a partout ! La vie est faite sur cette base.

Connais tu l'histoire du bol de riz ?

On a pris deux bols de riz. Celui à qui on a envoyé de l'amour a mis des semaines à périmer, l'autre quelques jours.

Il en est de même pour les plantes... Et pour les êtres humains. La haine, tout comme le manque d'amour, détruit.

L'idéal est surement la thérapie familiale ou l'hypnose, mais je recommande encore davantage la psychomotricité, puisque c'est un conflit avec son corps, par rapport aux autres, dans un lien si fragile et précieux.

Pour finir, de façon plus classique et plus simple, il faut comprendre que lorsqu'on mange trop et en trop grande quantité ou pas du tout, et qu'on culpabilise, on peut tenter de revenir à certaines bases simples :

Au niveau physique ;

-La satiété arrive en 20 minutes au cerveau. Il faut manger lentement, mastiquer un maximum, boire de l'eau avant.

-Se servir en petite quantités, quitte à se resservir plusieurs fois, peu importe.

-Manger dans de petites assiettes, avec des baguettes ou de petits couverts. (ça dure plus longtemps et on a l'impression de beaucoup manger)

-Poser sa fourchette pour parler ou après chaque bouchée.

-Manger avec sa main gauche si on est droitier. On prend plus notre temps du coup fatalement.

-Manger des aliments rassasiants et/ou faibles en calories. (Konjac, pommes, carottes, fruits secs...)

-Passer du temps à cuisiner et avec amour. Le plaisir devient visuel, olfactif...

- Manger les yeux fermés, sans internet, sans téléphone, sans musique.

-Résister quelques minutes à la faim pour savoir si c'est une "fausse faim".

-Si j'ai faim de sucré je vais manger des fruits secs (exit le chocolat, les yaourts, les bonbons), si j'ai faim de salé je vais manger des olives, des tomates séchées (exit les chips, les gâteaux apéro, les cacahuètes salées...)

-Faire à manger pour le lendemain si je mange alors que je n'ai plus faim.

-Bannir le moins d'aliments possibles...

-Manger suffisamment de gras (Huiles crues, oléagineux, fruits gras...) et d'aliments à indice glycémique bas (sarrasin, quinoa, légumes...) pour ne pas craquer sur n'importe quoi.

Au niveau psychique :

- Se poser les bonnes questions : Pourquoi j'ai faim d'un coup ? Je viens d'apprendre une mauvaise nouvelle, je suis stressée, lassée, seule, triste... ?

-Nourrir son besoin d'amour. Aller voir des amis, prendre ses parents dans ses bras, rencontrer de nouvelles personnes...

-Gérer ses émotions. Elles sont essentielles mais tellement dangereuses.

-Nourrir son cerveau. Apprendre de nouvelles choses (une langue, un instrument...), élaborer un voyage, construire quelque chose...

-Nourrir sa spiritualité. Prier, méditer...

Test ces choses, voit comment ta situation évolue. N'oublie pas que ton corps croit toujours bien faire, qu'il répond simplement à un profond stress, à un profond mal être, qu'il cherche à combler les manques pour limiter la casse.

Si certains vivent en se nourrissant de lumière, en jeûnant durant des semaines entières... C'est bien que la vraie nourriture est ailleurs.

Pour aller plus loin:

***La faim de l'âme, Jacqueline KELEN

L'amour qui guérit, Sharon SALZBERG

*Anorexie, boulimie et psychomotricité, Guy Carrot, Thierry Faury, Odile Gaucher

° Miron Cusa, DOSSIER MAC DONALD’S, Fast food et troubles du comportement alimentaire, mars 2000.

La psychomotricité, l'hypnose, l'EMDR, les thérapies familiales...

photo de 2013

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